Tout commence le 18 mai 1358, à Saint Leu-d'Esserent. Neuf gentilshommes, quatre cavaliers et cinq écuyers qui tentaient de faire passer un convoi de vivres vers la capitale, étaient tombés sous les coups des paysans en colère. Parmi les victimes, un noble important, Raoul de Clermont de Nesle, détesté par tout le monde.
La révolte des paysans appelée la Jacquerie fut très active à Montataire. La surprise est totale, y compris pour les auteurs de l'embuscade. Que faire maintenant. Puisqu'il est devenu impossible de reculer, il faut aller de l'avant. L'incendie se propage à toute vitesse. La révolte gagne toute la Picardie et une grande partie de l'Ile-de-France, de la Champagne, de la Brie... Elle reunira , en son point culminant, quelque cent mille hommes.
Comment s'explique cette révolte. Les paysans accablés d'impôts par les seigneurs, pillés par les gens de guerre anglais et français, décimés par les épidémies, étaient dans une misère effroyable.
La révolte se déroule dans le désordre le plus total. Aucune organisation, pas de chef commun, pas d'armée unique. A Montataire, cependant on trouve une sorte d'unification. Guillaume Calle, ou Karle, ou Caillet, ou Karlot, natif de Mello et installé à Montataire, sera élu chef de la révolte. L'histoire retiendra le nom de Guillaume Calle. Les révoltés seront quant à eux appelés "effrois", terme à la mesure de la grande peur qu'aura soulevé leurs actions chez les seigneurs féodaux. Ils viennent de partout, se dirigent vers Montataire pour rejoindre Guillaume. Montataire devient le point de rassemblement. Chaque village a élu son capitaine. A Montataire, il s'appelle Etienne Du Wes qui sera le fidèle compagnon de Guillaume, Germain Reveillon à Sacy-le-Grand, Nicolas Dufour, dit Malin, de Fouilleuse, Philippe le Boquillon, d'Avrechy, Jehan le Fréron à crevecoeur le grand. Guillaume Calle tente de s'entourer de conseillers. L'un deux, Jean Rose de la Presle, d'Angicourt est un homme instruit. Il est chargé de missions auprès des bourgeois des villes pour leur demander de s'allier aux paysans. Lors d'un voyage à Compiègne pour essayer de rallier la ville aux Jacques, il sera arrêté et décapité. Cette organisation permettra à Guillaume Calle de mener de véritables actions de bataille, organisées et victorieuses pendant un temps, contre une noblesse étonnée. Les Jacques firent subir aux nobles le traitement dont les nobles avaient usé envers eux. Cent cinquante forteresses féodales disparurent dans la tourmente dont celle de Méru qui fut pillée et rasée.
Début juin, Guillaume Calle apprend que Charles de Navarre, dit le Mauvais, rival du roi de France, réunit une troupe de mille hommes cuirassés, armés jusqu'aux dents et encadrés des plus grands noms du royaume, le sire de Coucy, Hue de Chatillon, Louis d'Harcourt, Mgr de Montmorency. En toute hâte, le 11 juin, Guillaume Calle rassemble ses forces et se porte au devant de l'ennemi. Entre Nointel et Catenoy, il établit un camp retranché, regroupant six mille hommes et six cents cavaliers armés à la diable. Cet endroit à conservé le nom de "champ de Bataille". Deux jours durant les deux armées se font face. Charles le Mauvais, croyant qu'il suffirait de montrer sa force pour que les Jacques s'enfuient, réfléchit. La ruse lui paraît la meilleure solution. Le 13 juin au matin, Charles le Mauvais envoie un groupe de plénipotentiaires. Ils proposent à Guillame Calle de rencontrer leur chef pour discuter d'une paix honorable pour tous. Après réflection, Guillaume décide d'accepter, il se rend seul, sans escorte, dans le camp de Charles le Mauvais. A peine y est-il arrivé qu'il est capturé, arrêté et enchaîné. L'attaque sur les Jacques est aussitot déclenchée. Démoralisés par la capture de leur chef, ils se font tous massacrés jusqu'au dernier. Le lendemain, conduit à Clermont, Guillaume Calle, coiffé par dérision d'un trépied de fer rougi au feu, sera décapité. La répression se poursuivra et fera vingt mille victimes en deux semaines.
La Jacquerie est laplus grande révolte paysanne qu'ait connue la France féodale. Guillaume Calle, Etienne Du Wes, la Jacquerie ont chacun donnés leurs noms à une rue de Montataire. Le collège de Crévecoeur-le-Grand porte le nom du chef de la Jacquerie de la région, Jehan le Fréron.