Plusieurs châteaux royaux se sont succédés à Compiègne, de la villa mérovingienne en bois, sous Clovis, au palais carolingien, modifié au cours des siècles, avant d'être partagé par St-Louis entre les Jacobins et l'hôtel-Dieu. Charles le Chauve en fit au milieu du IXe siècle le siège officiel de l'autorité royale puis impériale. Charles V fit construire un nouveau bâtiment, simple corps de logis sur l'actuel terrain du château. Cet ensemble, agrandi, modifié, transformé, servira de résidence aux rois de France jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Louis XIV et son frère le duc d'Anjou s'y reposèrent de la vie sévère de Saint-Germain. Anne d'Autriche aimait Compiègne où elle avait passé naguère des étés entiers avec Louis XIII. Elle fit agrandir le château en 1650.
Le "grand projet" établi en 1751 par Jacques Ange Gabriel poursuivi par son élève Le Dreux de la Châtre à partir de 1761 adaptait un plan triangulaire au terrain irrégulier compris entre la place d'Armes et le rempart que la façade sur le parc surplombe. La maison de campagne fait place à un château de style classique. Simplicité, rigueur et clarté caractérisent l'élévation extérieure tout comme la distribution intérieure. Le château était à peu près en etat pour recevoir le dauphin, futur Louis XVI et sa fiançée, Marie-Antoinette d'Autriche en 1770. En 1786 le nouveau château était achevé. Le projet de grande place devant la façade fut interrompu par la Révolution.
Durant l'année 1795, les ensembles mobiliers du château furent vendus et les oeuvres d'art versées au Muséum central. En 1803, le Premier Consul constate les dégâts engendrés par l'établissement de l'Ecole des Arts et Métiers. Passé dans le domaine impérial en 1804, Compiègne fut remis en état d'être habité. Les architectes Berthault, Percier et Fontaine, les décorateurs Dubois et Redouté, les ébénistes Jacob-Desmalter et Marcion, constituèrent l'équipe chargée de rendre son faste au palais. La distribution des pièces fut remaniée, la galerie de bal réalisée, le jardin replanté et relié directement à la forêt. C'est à Compiègne que Napoléon reçut sa nouvelle épouse Marie-Louise en 1810, tout comme Marie-Antoinette y avait été accueillie quarante ans plus tôt. En 1814, de retour d'exil, c'est également à Compiègne que Louis XVIII fut reçut par les maréchaux de Napoléon. La chapelle du château fut le témoin du mariage de la princesse Louise-Marie d'Orléans, fille de Louis-Philippe, avec le roi des Belges Léopold 1er le 9 août 1832. L'actuelle place du château fut achevée seulement sous Louis-Philippe. qui aménagea un théâtre à l'emplacement du Jeu de Paume. Napoléon III construisit la galerie Natoire et l'actuel Théâtre Impérial et fit aussi sculpter les frontons des pavillons latéraux sur la place.
Après 1870, le château abrita différents musées mais le mobilier fut en partie dispersé. La venue du Tsar en 1901 le réveilla brusquement. Les dommages des deux guerres furent heureusement peu importants, mais en 1919 un incendie ravagea le salon du Conseil et la chambre de l'empereur. La vocation muséographique du château privilégie la décoration du 18ème siècle et du 1er Empire mais aussi du Second dont il a la vocation parmi les palais nationaux de rassembler les souvenirs.
La distribution des pièces et l'ameublement restèrent ceux de la fin de l'Empire. Seules des emblèmes napoléoniens furent effacés. En revanche, le mobilier fut en partie changé sous le Second Empire de même que le décor de quelques pièces. Plusieurs parcours de visite sont proposés : l'appartement du Roi puis de l'Empereur, l'appartement de l'Impératrice, l'appartement de la Reine puis du Roi de Rome et l'appartement du Dauphin et de Madame Royale puis appartement double de Prince. Dans chaque appartement, l'état restitué des différentes pièces répond à un rigoureux soucis de vérité historique.
Le parc du châteauAnge-Jacques Gabriel avait dessiné les plans d'un jardin à la française entre le château et la forêt lors de son projet de reconstruction. Inachevé à la Révolution, le jardin eut à souffrir de l'installation du Prytanée militaire. En 1808, Napoléon ordonna son réaménagement qui débuta par la réalisation d'une rampe en pente douce permettant l'arrivée des voitures devant les appartements sur la terrasse. En 1811, Berthault présenta le plan définitif d'un jardin à l'anglaise. Une tente fut dressée le long de la façade pour protéger les appartements du soleil, trois pavillons de repos furent érigés, un ensemble de treillage en berceau fut élevé "de manière qu'on puisse aller à couvert et à l'ombre du château à la forêt", enfin la création d'un grand parc reliant le jardin à la forêt fut mise en oeuvre. Statues de Jouffroy et de Debay.
Créé à l'origine par Louis Martin Berthault sur l'emplacement du "bosquet du roi", les jardiniers du Domaine ont restitué le Jardin des Roses, d'après un relevé de 1821. Il s'organise à partir de la serre tempérée construite vers 1820. Le bassin initialement situé sur la terrasse de la Reine, fut déplacé dans le jardin des roses à cette époque. Cinq plantes vivaces, lupins, pivoines, pavots d'orient, iris et éphèmères de virginie accompagnent les roses anciennes pour une floraison maximum.
Visite du 1er novembre au 29 février de 8h à 17h. Du 1er mars au 15 avril et du 16 septembre au 30 octobre de 8h à 18h. Du 16 avril au 15 septembre de 8h à 19h. Entrée libre. Tél: 03 44 38 47 00.
La trouée des beaumontCe parc d'agrément qui prolongeait le jardin permettait de concevoir un nouvelle avenue depuis la terrasse du château, dans l'axe de l'allée Napoléon, jusqu'au sommet des Beaux-Monts à 4600 mètres plus loin. Cette perpective teintée du souvenir de Schoenbrunn, créa un axe gigantesque reliant et unifiant jardin, parc et forêt. Les travaux furent poursuivis sous la Restauration et Berthault put compléter son oeuvre par quelques aménagements : jardin des Roses, cour du Pistolet, triangle de "tous les diables", serre tempérée. La décoration sculptée ne fut mise en place qu'entre 1822 et 1830 et complétée sous le Second Empire. Elle compte une trentaine de statues dont certaines, à l'antique, proviennent des Tuileries et du Louvre. Sous le Second Empire, le jardin fut le lieu de jeux divers organisés pour les invités des "Séries" et un manège de chevaux de bois y fut installé. En 1862, la serre fut même transformée en musée gallo-romain par Napoléon III.
La Reine Margot de Patrice Chéreau y fut tourné en 1994.
Le château acceuille 117 000 visiteurs chaque année. Ouvert tous les jours sauf mardi et certains jours fériés, de 10h à 18h.
Tél: 03 44 38 47 02.
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