LES RETRANCHEMENTS DE JULES CESAR AU BOIS DES COTES.
2ème campagne contre les Bellovaques - 51 avant J.C.
Récit d'Hirtius, lieutenant de César, dans le VIIIème livre des commentaires de César :
Les évènements se déroulent en 51 av.J.C. César appelé par les Rémois, au secours des Suessions que menaçaient leurs voisins Bellovaques, quitte Cébanum (Orléans) en plein hiver. Il rallie quatre légions et opère sa jonction avec les troupes auxiliaires du Soissonnais. Le corps expéditionnaire Romains-Rémois venant par la route dite de l'Aisne traverse l'Oise à gué au dessus de Venette et pénètre en pays ennemi (Beauvaisis) où il s'arrête près de la frontière constituée par l'Oise au mont d'Huette à Jonquières.
L'ordre de marche est le suivant: Fabius avec la VIIème et VIIIème légion, Labienus avec la IXème légion, troupes de choc en tête et XIème légion en arrière garde. Il n'est pas question dans le texte des auxiliaires gaulois (Suessions, Rémois, Lingons, Germains), probablement flanquaient-ils la colonne, selon la coutume. Le chemin suivi est l'unique route gauloise (dite du Soissonnais), César traverse un pays complètement abandonné (zone entre Oise et Brêche). La route gauloise était commandée au départ en pays Bellovaque par le mont d'Huette (151 mètres) au pied duquel elle passe. Elle longeait ensuite les hauteurs de Jonquières, de Canly, Grandfresnoy, arrivait par Sacy-le-Petit près du lac de Longa Aqua, pénétrait à hauteur de Sacy-le-Grand dans le Val de Nointel sous la protection du camp de Catenoy, le seuil de Bailly-le-Bel (Breuil-le-Sec) pour traverser les marais de la Brêche, se poursuivait par le "chemin Vert" immédiatement au nord du mont de Crène à 150 mètres au sud du pont de Giencourt par la principale rue de ce hameau, longeait la colline de Bethencourtel, montait sur le plateau de Hez qu'elle traversait dans sa partie la plus étroite, descendait dans la vallée de Lombardie et rejoignait ainsi la vallée du Thérain en passant sous les oppida du Mont César et du Bourguillemont (Therdonne). C'est sur ce mamelon, à 5000 pas de Bratuspauticum, que les Anciens vinrent au devant de César lui faire sa soumission au nom des Bellovaques.
A l'annonce de l'arrivée des Romains, l'armée des Belges (Bellovaques avec Corréus à leur tête, Atrébates avec Commius comme chef, Ambiens, Aulerques, Calètes, Véliocasses) a fait évacuer toute la population pour la refouler derrière elle au coeur du pays en direction de Beauvais. Elle s'est repliée elle-même de la frontière (Oise) sur la 2ème ligne de défense naturelle, constituée par les hauteurs derrière la Brêche et ses marais.
De l'Oise à la Brêche, le trajet n'est pas long. César approche plus tôt qu'il ne le pensait de la position dominante de Clermont par le val de Nointel. Au coude de la route, entre Nointel et Autreville, à la pointe de "Vadrenlieu", promontoire qui coupe la vue, il débouche subitement en présence du gros des Bellovaques massés sur les pentes en gradins, entre le Chatelier et la Brêche, que nous montrent encore les vieilles estampes de Clermont. Là, il fit faire halte à ses troupes pour les mettre en ligne de combat.
De leur position, les Belges ne pouvaient voir que les trois légions de tête soit 12600 hommes, parcequ'elles marchaient de front. L'écran de Vadrenlieu leur dissimulait le reste de l'armée. Sans doute surpris, ils n'offrirent pas le combat attendu. Gardant la hauteur, ils se contentèrent de ranger leurs combattants au bas des pentes. Les effectifs belges étaient d'au moins 150 000 hommes, que pouvaient contre eux les 15 à 20 000 légionnaires de César? Car il comptait peu sur ses auxiliaires gaulois et germains. Les Barbares venaient de laisser échapper l'unique occasion d'écraser l'armée romaine au moment où elle débouchait du val de Nointel. Ce fut la grosse faute dont profita César. Par une simple conversion à gauche, entièrement dissimulé grâce à Vadrenlieu, il alla se porter sur la seule hauteur qui s'offrit à lui, la montagne de Nointel et Catenoy. César avait pris pied en retrait vers le milieu du plateau. Il établit son camp journalier sur la partie haute du lieu dit "Bois des Côtes". Il s'y fortifia, le camp fut agrandi, renforcé, le plateau devint peu à peu une énorme place forte de campagne, s'étendant de l'éperon de Catenoy aux marais de la Brêche. Citadelle imprenable, il devait servir de base d'opérations à la campagne qui débutait.
Alors commence cette longue période de stabilisation sur le front de la Brêche, longue guerre d'escarmouches dont les incidents journaliers se déroulent sous les yeux des deux armées en présence dans l'étroit espace de la vallée marécageuse. César apprit à connaître le caractère des Barbares. Il compte davantage sur leur découragement que sur leur écrasement par les armes. Cependant une offensive de grande envergure n'en est pas moins préparée en silence. Les légions, en sécurité, se livrent à leur habituel "travail de romains". Le plateau et ses alentours ont été couverts de retranchements et de routes qui assurent la liaison. Par voie d'eau grâce à la Seine, l'Oise, les lacs de Grande Meret de Longa Aqua et au port de la Cornelle à La Bruyère, et par la route qui venant de Senlis aboutit au Grand Camp par la Demi-Lune et la porte Sinistra. Pour avancer, on n'attend plus que l'arrivée des trois légions de renfort sous les ordres de Trébonius. Les approvisionnements sont au complet, l'artillerie et le parc du génie regorge de matériaux.
L'expectative a maintenu les adversaires en présence jusqu'au milieu de l'été. A Rome, le bruit court que les Bellovaques tiennent César enfermé et coupé de son armée. Le découragement commence à s'emparer des Belges. Un important secours sur lequel ils comptaient ne leur avait procuré que 500 cavaliers. Ils avaient essuyé de sérieux revers de la part des Germains de César et les immenses travaux d'en face leur faisaient craindre un blocus comme celui d'Alésia. L'annonce de l'approche de Trébonius tomba sur eux à la manière d'un coup de foudre. Ils se décidèrent soudain au repli. Leur retraite s'effectue par la route gauloise Clermont-Hermes. César saisit l'occasion, il faut couper cette retraite, il suffit pour cela d'atteindre l'étranglement (entre le carrefour St-André de Clermont et la chapelle de Béthencourtel) qui relie le lieu élevé de Clermont au plateau de la forêt de Hez, c'est le seul passage permis aux Bellovaques. Sans attendre l'arrivée de Trébonius, César déclanche donc l'offensive. Il a repéré en face de lui, de l'autre côté de la vallée, au pied de Clermont, cette éminence constituée par la réunion des monts de Crène et de Giencourt. Il concentre son mouvement sur ce point. Protégé par des baraques d'approche, on lance aussitôt deux ponts de fascines parallèles dans la direction du mont de Giencourt pour y faire passer la cavalerie et l'artillerie, pendant que les troupes franchissent le marais entre la pointe du mont de Crène et le ru de Rotheleux. D'un seul élan, la plateforme supérieure naturelle du mont de Crène est atteinte. César y renforce ses légions et gagne le mont de Giencourt où il les range en bataille. La retraite a cessé, les Barbares n'osent plus renvoyer leurs troupes par petits paquets de peur que la dispersion ne les démoralisent, ils restent en ligne s'attendant à l'assaut. Vers la chute du jour, les Barbares pris entre les Romains et les marais, sur le point de voir couper la seule liaison qui leur reste avec l'arrière usent d'un stratagème, entassant devant leurs lignes bottes de paille et fagots, ils se couvrent à un signal donné d'un vaste rideau de feu à la faveur duquel ils détalent à toutes vitesse. Ils purent de la sorte se réfugier derrière une troisième ligne de défense naturelle Thérain - Trye - marais de Bresles, sur la très forte position du mont Froidmont (à Bailleul sur Thérain) dit mont César, à 10 milles (14 km 850) au plus du lieu élevé de Clermont. L'armée romaine eut alors à combattre le feu. Sa marche à travers la forêt fut lente, pénible et prudente. De leur repaire, les Bellovaques envoyaient des détachements en embuscade de part et d'autre de la route suivie par le corps expéditionnaire qu'ils harcelaient sans cesse.
Un jour, un groupe de 7000 Bellovaques réussit à attirer comme dans un filet les auxiliaires gaulois de César dans la plaine d'Angy. La seule, qui encerclée de bois sur les bords du Thérain, ait mille pas en tout sens. Trahis par un prisonnier, les Bellovaques se retrouvèrent à la merci de César. Le piège qu'ils avaient voulu tendre aux Romains se retourne contre eux. Ils furent complètement écrasés, leur chef Corréus, généralissime de l'armée belge périt dans la mélée. Les auxiliaires s'étaient comportés avec une bravoure digne des Romains, César les suivaient. Ses légions n'avaient pas eu besoin d'intervenir, elles arrivèrent sur les lieux après la bataille.
La plaine d'Angy se trouve à environ 8 milles (11,8 km) du mont de Froidmont. Ce qui resta des alliés belges abandonna cette position forte, reculant toujours vers la capitale des Bellovaques, Beauvais (Bratuspauticum) où était le Sénat. César résolut de les suivre. Il fit passer à son armée la Trye (affluent du Thérain), obstacle assez sérieux à cette époque qui servait de déversoir aux étangs de Bresles. Puis ce fut la soumission par le Sénat Bellovaques et les députés des nations alliées. La campagne était terminée, elle avait durée environ 8 mois, du plus fort de l'hiver à l'époque de la moisson. (janvier à aout 51 av J.C.) César pouvait être satisfait, les légions subsistaient intactes, elles n'avaient pas données. Seules les troupes auxiliaires firent tous les frais de cette campagne où les Rèmes perdirent leur général et roi, le vieux et vaillant Vertiscos. Il y a lieu de rechercher son tombeau à Béthencourt St Nicolas, commune de Bailleval, dans un champ appelé "le Raime" au dessus de la "fontaine des Raimes", au fond du petit marais de Béthencourt. Là, la tradition situe un cimetière gaulois et à côté d'un cone de pierre séche, une table de dolmen aux angles arrondis sort de terre.
Fin du récit.
- Les Bellovaques occupaient la majeure partie du Beauvaisis actuel et tout le Vexin français. L'Oise constituait la démarcation principale entre la confédération belge et le groupe des alliés du peuple romain.
- La voie fluviale maîtresse des Bellovaques était le Thérain (Thara), rivière alors très importante. Le fleuve de la Tare comme on disait encore au XVIIème siècle. Le Thérain, aujourd'hui envahi par la tourbe, écoulait ses eaux larges et profondes dans un vaste lit marécageux bordé de défenses préhistoriques imposantes dont la plus importante est le "mont César", clef de la capitale Bratuspauticum, capitale située au confluent du Thérain et de l'Avelon.
- La cité des Bellovaques était un pays riche et fertile, extrémement peuplé. La densité de la population peut être comparée à celle de l'époque actuelle. Elle pouvait mobiliser plus de 100 000 hommes et constituait le peuple le plus redoutable des Belges et même de toute la Gaule, non seulement par le nombre mais aussi par l'influence et le courage.
Les retranchements de Jules César au Bois des Côtes:
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Le retranchement principal du "Bois des Côtes" se présente sous la forme schématique d'un grand trapéze isocèle prolongé par un parallélogramme formant queue. L'étendue totale qu'occupèrent les légions romaines et leurs auxiliaires est de 1500 hectares. Quand au Grand Camp (Castra Majora) lui même, dont l'enceinte à 6 km de périmétre, couvre environ 100 hectares.
La petite base du trapéze fait face à la position maîtresse de l'ennemi. Son vallum est perpendiculaire à la direction de Clermont. Il est ouvert en son milieu par la porte prétorienne.
La courtine sud-ouest est sans ouverture. Devant elle s'étale un vaste terrain en pente, particulièrement propice aux évolutions des légionnaires dans les sorties.
La courtine sud, la plus longue (près de 2 km) est remarquable par sa rectitude et son orientation est-ouest. Elle présente en son milieu une échancrure de neuf mètres: la porte sinistra.
Sur le flanc nord deux portes se trouvent nettement repérées grâce aux chaussées d'accés qui les reliaient à la voie romaine.
La porte décumane à l'est est encore visible à quelques métres du C.D 137, où aboutit l'allée de Vaux.
Le Grand Camp englobe le camp initial dit du Bois de Courcelles (E sur le plan), ceux de Vadrenlieu (C) et de Crènemont (D), ainsi que le castellum de Gouvieux (G), les camps secondaires de Catenoy (F), du Fayel et de Labruyère et différents castellum et burgus secondaires. En avant du camp, le murus (H.H), les ponts de fascines de Breuil-le-Sec, le jugum fortifié de Giencourt et les lieux de combats (J).
Le trapéze (Ier partie du camp) recevait la cohorte prétorienne (garde de César) constituée des VII, VIII, IX ème légions. Le parallélogramme de queue (2ème partie) était réservé aux valets et servait d'abri aux bagages et approvisionnement. C'est là qu'auraient eu lieu la fabrication des machines de guerre dont on ne s'était pas encombré pour la route et dont il était nécessaire d'avoir en grand nombre.
Entre le calvaire de Breuil-le-Sec et le vallum ouest du grand camp, à 600 métres environ du front prétorien, sur le bord de la crête septentrionale aux pentes rapides, à cheval sur le chemin d'Autreville, on rencontre une plateforme exhaussée sensiblement rectangulaire, à deux entrées, aux fossés larges et profonds qui répond au type des castella décrits par Végéce. Ce devait être le poste de commandement de César, à la côte 155,5.
C'est dans le camp de Catenoy que César dissimula sans doute la XIème légion formant arrière garde dans une position très forte où elle pouvait rester inconnu de l'ennemi, à l'abri de toute surprises, au dessus de l'ancien lac de Longa aqua.
Un ravitaillement prompt et rapide pouvait s'effectuer seulement par la voie fluviale de l'Oise. Er celle-ci était débarqué à pied d'oeuvre. On a retrouvé des barques romaines chargées en extrayant de la tourbe dans les marais de Sacy-le-Grand. Elles avaient coulées au fond du lac de Longa aqua dont les eaux baignaient le pied orientale de la montagne, en communication directe avec la mer par le lac dit de "Grande Mer" (Les Ageux), l'Oise et la Seine.
Les Portae : Les quatres portes classiques sont: porte prétorienne, décumane, sinistra et dextra.
- La porte prétorienne, la plus simple regarde l'ennemi.
- La porte décumane à l'opposée apparait comme la principale.
- Opposées également, les portes sinistra et dextra, à gauche et à droite de l'axe du camp.
Les portes sont placées autant que possible au milieu de chaque face lorsque le camp est quadrangulaire ou au milieu d'une courtine correspondante s'il ne l'est pas.
La porte décumane du castra majora, véritable porte monumentale est construite sur le plan de celles des villes fortifiées de l'époque dont elle ne différe que par la nature des matériaux. Deux énormes massifs rectangulaires de 36 m de long et 3 m de haut encadrent le passage. Leur plateforme supérieure supportait des tours de bois.
Deux petits ouvrages extérieurs au castra majora avaient des fortifications communes avec lui. A la corne ouest (côte 146) était un fortin appelé "le losange" qui commandait la jonction des voies montant de Breuil-le-Sec, Crapin, Bailleval et Sénécourt.
L'ancien vallum ouest du grand camp constitue la limite est de la commune de Breuil-le-Sec. Le camp principal était relié à la vallée par ce qui fut ensuite le chemin de Breuil à Labruyère (la cavée des Vaux) et par la cavée du Gueule du Val.
Au pied du plateau, du côté de l'ennemi, le murus était composé d'une série de petits ouvrages (castella) représentés aujourd'hui par les emplacements suivants: le moulin de Bailly-le-Bel, lieudit de la Mairie, château des Tournelles, lieudit le camp Simbert, Campionnette, Château-Gaillard, Bercamp, Le Camp, les Grouettes, les Brailles, le Châtelet, le Port-cheval, la ferme de Louveaucourt. Ils étaient réparties tous les 450 m sur 5 km.
L'expression Vallum équivaut au mot retranchement, elle désigne l'ensemble du rempart constitué d'une levée de terre, agger; d'un fossé, fossa; de superstructures de bois, palissade.
L'agger du vallum du Bois des Côtes, comme celui de tous les camps romains se fait remarquer par sa légèreté. Haut de 0,5 m à 2 m, base de 3,5 m de large, il est construit en pierres dans sa partie médiane, depuis le voisinage de la porte prétorienne jusqu'à celui de la porte sinistra. Le reste est en terre, mais partout de même forme et de même dimensions. La partie émergente repose sur une base actuelle de 3,50 m, tassée par les ans, lavée par les pluies, dégradée par les arbres. Son sommet en dos d'âne reste très aplati et empêche d'oublier l'ancienne plateforme dont les arêtes seules se sont arrondies avec le temps. Le fossé de forme triangulaire longe l'agger à l'extérieur de l'enceinte plus ou moins comblé. Parallèlement au fossé du rempart, à une douzaine de métres en avant, court tout le long des faces sud-ouest et sud un deuxième fossé double. La palissade avait ses pieux (ou valli) distants de 0.90 m. L'intervalle est garni d'un robuste clayonnage, ou crates, à armatures. On retrouve dans les valla désagrégés un très grand nombre d'alvéoles de valli et de montants de crates grâce aux pierres de calages restées en place. Il suffit de ficher dans chaque orifice un bâton de 1,20 m se haut pour obtenir une image de la palissade.
La forêt qui recouvre le "bois des côtes" et celui de Gouvieux n'existait pas encore à l'époque de l'établissement de la carte de Cassini en 1756. Ceux de Bailleval et La Bruyère ont été plantés en 1747 par la maison de Liancourt pour utiliser les friches stériles de ce côteau.
Les Ponts de fascines:
Devant l'académie des Inscriptions, en 1868, l'archéologue Peigné Delacourt portait à la connaissance du monde savant la découverte importante d'un pont romain en charpente et fascine enfoui dans la tourbe des marais de la Brêche, à Breuil-le-Sec.
Il s'agit d'oeuvres spéciales désignées par Hirtius, lieutenant de César, dans les commentaires de César, sous le nom de "Pontes". Les pontes sont des ouvrages militaires entièrement en bois, exclusivement réservés aux marais et destinés en général au passage des machines de guerre. Il fallait les établir très vite avec des matériaux grossiers, sommairement appropriés que l'on avait sous la main.
Le premier pont de fascines, celui du nord, fut découvert en 1864 par un exploitant de tourbe, Jules Poiret de Bailleval. Elie Plessier et son fils en comprirent l'importance et alertèrent les érudits. Une commission composée de trois membres: Peigné Delacourt, Woillez et L.Plessier se mirent à étudier et Elie Plessier dressa les plans avec beaucoup de soins et de minutie.
En 1934, en creusant une fosse à cresson, on trouva à nouveau du bois. Une campagne de fouilles de six semaines permit de retrouver les deux ponts et d'en déterminer exactement le tracé.
La longueur des deux ponts est de 600 métres environ chacun, sans compter le pavement initial. Le pont d'amont commençait près du pont des Vaches sur la Béronnelle. Le pont nord partait en direction de l'étang actuelle de Breuil-le-Sec à travers lequel on a retrouvé sa trace, alors que celui du sud traversait une zone aujourdhui occupée par des cultures maraîchères. Les cressonnières sont entre les deux ouvrages. Le parcours de celui d'aval a été signalé par de grands piquets en ciment. Leur écartement normal est de 75 pas romains (111 mètres), puis demeurent sensiblement parallèles le reste de la traversée. Etroits jusqu'à la Brêche, ils s'élargissent deux fois après l'avoir passée. Chacun d'eux comporte trois sections, un pont large de 3m90, un pont de 9m, et un large pont de 18 m. A l'époque de la construction, les ponts formaient sur le fond du marais deux levées de 60 cm de haut constituées à partir du bas des éléments suivants: des fascines et piquets, des poutrelles, des longuerines, des traverses, des claies, un lit de sable. Les ponts qui occupaient une superficie d'un hectare ont nécessité pour leur construction: 2000 stères de bois de grumes, 4000 mètres cubes de fagots et des dizaines de milliers de piquets.
Ces ponts sont ainsi décrits dans l'inventaire des monuments classé: "Pont de fascines allant l'un de la prairie du Bosquet parcelle N° 1157, section C du cadastre de Breuil-le-Sec à la grande Pièce N° 973, section C du cadastre de Breuil-le-Vert. L'autre des Etournelles, parcelle N° 1189, section C de Breuil-le-Sec aux Prés d'Auvillers, parcelle N° 974 section C de Breuil-le-Vert. Ces lieux sont classés depuis le 26 février 1936.
Le chemin dit "des Vaux" qui conduit à l'entrée médiane de la courtine ouest (face à Clermont) de la plus grande enceinte du Bois des Côtes s'arrête aujourd'hui au bas de la côte. Il a été coupé par les constructions du village de Breuil-le-Sec. C'est un chemin fort ancien taillé à flanc de côteau, en partie en cavée, en partie en écharpe. Sa direction est celle d'une trouée faite par l'écoulement des eaux du marais d'Autreville entre les bois d'Autreville et de Breuil-le-Sec. Le prolongement en ligne droite du chemin des Vaux aboutit près du château des Tournelles sur la parcelle 1175 du cadastre, point de départ des ponts. Vaux vient ici de vallum. Le chemin des Vaux est prolongé à travers l'enceinte par "l'allée des Vaux". L'enceinte dans les titres anciens s'appelle elle même "le Mur du Val". Son emplacement était désigné par les termes significatifs: Vallemont et Crémont.